mercredi 27 août 2014

Les traces du bombardement de 1999 à Belgrade

Au printemps 1999, j'ai vécu une expérience inoubliable, mais malheureusement, pas pour de bonnes raisons: le bombadement de la Serbie par les forces de l'OTAN. Je me souviens que quelques jours avant le début de l'action militaire, j'ai appelé ma mère qui vit en France et je lui ai demandé si, à la télévision française, on parlait d'une éventuelle intervention en Serbie. Je dois dire que je ne croyais pas du tout, ou du moins je n'arrivais pas à croire, qu'à la fin du XXème siècle, un pays en plein milieu de l'Europe pouvait être bombardé par les armées de pays qui étaient jusque là ses alliés et avec lesquels, comme par exemple la France, il avait des relations historiques amicales.

Et pourtant, le soir du 24 mars 1999, j'ai subi le choc de ma vie: le bombardement avait débuté. Rien ne vous prépare à çà. Le bruit des sirènes annonçant sinistrement l'arrivée des avions vous glace le sang. Vous regardez en direct les immeubles en flammes dans le centre de la capitale et vous n'en croyez pas vos yeux. Vous entendez le ronflement des moteurs d'avions survoler votre toit dans la nuit et vous attendez l'impact. Même si la cible est relativement éloignée, vous sentez la terre trembler.

Des milliers de personnes ont dormi dans les abris sous-terrains, du moins au début du bombardement, car je dois dire qu'après un certain temps d'adaptation à la situation tragique, l'esprit optimiste et blagueur des Serbes a surmonté la peur et l'incertitude. La sirène annonçant le début de l'attaque aérienne a été surnommée "Šizela", du verbe "šiznuti" qui signifie "devenir fou", tandis que celle qui indiquait la fin du raid a été surnommée "Mirela", du mot "mir", signifiant "la paix", "la paisibilité".

Aujourd'hui, ces 78 jours du printemps 1999 ne sont que de mauvais souvenirs pour ceux qui, comme moi, n'ont pas subi la perte de personnes proches. Cependant, à Belgrade, quelques endroits nous rappellent cette triste période de l'histoire: l'immeuble de la télévision nationale serbe bombardé dans la nuit du 23 avril 1999 ainsi que le monument dédié aux employés qui y ont trouvé leur fin tragique, l'immeuble du quartier général de l'armée qui se trouve dans l'une des rues les plus prestigieuses du centre de la capitale, le monument dédié aux petits enfants victimes innocentes des bombes.

En Serbie on dit "Ne ponovilo se": Que çà ne se reproduise pas.

Monument dédié aux victimes du bombardement des locaux de la chaîne de télévision nationale serbe, le 23 avril 1999

Une partie des locaux de la chaîne de télévision nationale serbe, laissés tels qu'après la nuit tragique du bombardement

Le quartier général de l'armée 
Le quartier général de l'armée
Monument dédié aux petits enfants, victimes du bombardement "We were just children"

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